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Travail hybride, un an après: où en sommes-nous?

October 13, 2022

Pour beaucoup d’entre nous, le travail hybride est devenu la norme. À l’approche d’un nouvel hiver où les inquiétudes liées au Covid ont été remplacées par celles liées à la crise du coût de la vie, le travail hybride va-t-il être pérennisé ? 

La grande “expérience du télé-travail” (également connue sous le nom de pandémie de Covid-19) a démontré que pour la plupart des postes de bureaux, les niveaux de productivité pouvaient être maintenus tout en travaillant à domicile. Cela est dû en grande partie aux avancées technologiques permettant aux employés de bureau de communiquer par vidéo et de travailler de façon dématérialisée.

Du présentielau distantielen passant par le travail hybride

Le télé-travail prolongé a cependant créé ses propres problèmes. Par exemple, les travailleurs ont souvent eu du mal à réduire leur journée de travail lorsque leur espace de travail se trouvait dans leur environnement domestique. Peu d’employeurs britanniques ont exigé de leurs travailleurs qu’ils retournent au bureau à plein temps après la levée des directives gouvernementales sur le travail à domicile au début de l’année 2022. À la mi-août 2022, la BBC a rapporté les résultats d’une enquête récente montrant que les travailleurs britanniques ne se rendent au bureau que 1,5 jour en moyenne, contre 3,8 jours avant l’avènement du Covid. 

Si, depuis mars 2020, le travail à distance constitue une modification temporaire du lieu de travail afin de se conformer aux indications du gouvernement en vue de la pandémie de “travailler à domicile si possible”, il ne s’agit pas pour autant d’une modification permanente du lieu de travail des travailleurs et, à ce titre, les employeurs sont techniquement en droit d’exiger de ces travailleurs qu’ils travaillent désormais conformément aux termes de leur contrat.

En avril 2022, Jacob Rees-Mogg (qui était alors ministre de l’intérieur) a laissé un mot sur les 70% des bureaux vides de ses fonctionnaires enjoignant tout le personnel à revenir à temps plein au bureau. Les fonctionnaires ont également dû être confrontés à un tableau de classement du taux de présence au bureau, avec les départements gouvernementaux classés les uns par rapport aux autres. Cette initiative a suscité la controverse – le gouvernement semble désormais avoir abandonné la demande de retour à temps plein et a décidé de vendre certains de ses bâtiments, vidés d’employés de bureau.

Le travail hybride est devenu la norme pour les employés de bureau dans tout le Royaume-Uni. En général, les travailleurs passent 3 jours au bureau et 2 jours à la maison.  Mais à Londres en particulier, les employeurs ont du mal à faire respecter ces directives.

Récemment, un grand cabinet d’avocats de la City londonienne a annoncé que son personnel devait soit retourner au bureau trois jours par semaine, soit subir une réduction de salaire de 20 % s’il préférait le travail à domicile permanent. Très rapidement, le cabinet a été contraint de faire marche arrière suite à la réaction négative reçue après cette annonce.

Il semble que le cabinet d’avocats en question ait compris que ses travailleurs ne veulent pas qu’on leur oblige de travailler au bureau, et encore moins à temps plein.  Et on voit bien quels travailleurs ne s’attendent pas non plus à une réduction de salaire, malgré les économies personnelles réalisées en termes de temps et d’argent pour se rendre au bureau. Cependant la question de savoir comment aborder les différences de salaire se pose – il est commun que le salaire varie selon le lieu de travail, et le travail à distance à plein temps est susceptible d’être considéré comme attirant un salaire moindre (et donc un coût moindre pour l’employeur).

Les avantages du travail hybride par rapport au travail à distance

Il ne faut toutefois pas sous-estimer les avantages du travail en personne avec les collègues. Le travail hybride permet de consacrer du temps à des interactions précieuses au bureau, afin de créer un équilibre entre l’environnement domestique et l’environnement professionnel. Les gains de productivité mis en avant pour justifier le travail à distance depuis le domicile sont vraisemblablement réalisés grâce à la réduction des interactions avec les collègues qui pourraient autrement nous détourner de nos tâches ou interrompre le fil de nos pensées.  Les invitations à déjeuner sont probablement moins nombreuses à la maison, et lorsque l’heure du déjeuner diminue, les heures de travail augmentent.  De même, la suppression du temps de trajet domicile-travail peut être convertie en temps de travail.

Travailler chez soi de manière isolée pourrait éroder les compétences sociales, créer du ressentiment face à la perte de temps personnel, réduire les possibilités de développement professionnel et d’apprentissage et, en fin de compte, l’évolution des carrières. Bien que le travail à distance n’interdise pas la collaboration ou la formation d’équipe, il n’est pas sans difficultés (par exemple, la fatigue et l’isolement liés aux appels vidéo) et, à long terme, il est peu probable qu’il s’agisse d’une alternative durable.

Gérer les demandes de ‘’flexible working’’

La législation sur le travail flexible au Royaume Uni permet à tout salarié de poser une demande pour demander de travailler, soit à temps partiel, soit avec des horaires aménagés, soit de la maison. Ces demandes étaient relativement peu nombreuses avant la pandémie, et dans l’ensemble, étaient rejetées.    Les décisions des employeurs étaient motivées par un manque de confiance dans la capacité de l’employé à travailler et à maintenir ses niveaux de productivité à distance, ainsi qu’à rester disponible pour travailler efficacement avec ses clients et ses collègues.

Depuis la pandémie, ces préoccupations seront plus difficiles à justifier pour les employeurs et il est donc probable que ceux-ci mettent en avant à la fois l’augmentation de la créativité qui pourrait être obtenue par une collaboration en personne, et le bien-être que procure la présence de collègues contrairement au travail isolé. 

Intégrer le travail hybride dans le contrat de travail

Une fois que les employeurs auront eu le temps de réfléchir aux dispositions qui conviennent à leurs organisations, les contrats de travail devront être modifiés en conséquence.  L’employeur devra bien entendu obtenir l’accord des employés pour modifier le contrat. Il sera sans doute plus facile pour les employeurs d’embaucher de nouvelles recrues travaillant à distance à un salaire inférieur que de relever le défi de la communication pour faire accepter une telle modification par les employés existants

Si vous souhaitez discuter des modalités de travail hybride, de l’élaboration d’une politique ou de la modification du contrat de travail pour y intégrer le travail hybride, veuillez contacter l’équipe droit du travail.

Note : Ces quelques développements de portée générale ne sauraient constituer un conseil juridique. Nous vous invitons à nous consulter sur ces questions pour de plus amples précisions et pour des réponses spécifiquement adaptées à votre situation.

© Miller Rosenfalck LLP, Octobre 2022